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Un nouveau type de stimulation pour de nouvelles addictions ?

Internet… je pourrai arrêter là tellement maintenant ce mot a pris une dimension exceptionnelle ces vingt dernières années. Avec la démocratisation de ce moyen de communication est né de nouvelles habitudes. Etant la base des addictions, les habitudes liées à la vie numérique ont vite pu dériver faire cet extrême. Nous, humains, sommes très sensibles à ce qui va titiller notre circuit du plaisir. Là, en l’occurrence, tout Internet semble tourner vers ce but. Référez-vous à l’article que j’ai pu écrire sur Le Bug Humain du neuroscientifique de Sébastien Bohler pour retrouver toutes ces dimensions (ici). Ce qu’il faut retenir c’est qu’il y a un ratio accès aux déclencheurs du plaisir (nourriture, reproduction, informations, confort, pouvoir / statut) et taux d’emmerdement pour l’atteindre. En gros, plus c’est difficile à avoir, moins on va être tenté de basculer dans l’habitude addictive. Malheureusement avec Internet tout est disponible en un clic  = consommation massive. Vous comprenez maintenant pourquoi nous nous dirigeons tout droit vers une énorme pandémie d’addictions liées à la vie numérique. Elle n’est pas encore advenue parce qu’il reste encore les générations qui ne sont pas de « digital native » la génération née dans un monde numérique. Qu’en sera-t-il lorsque ça ne sera plus le cas ?

Les addictions : c’est quoi et comment ça marche ?

Dans le monde fourmillant d’Internet, les auteurs sur lesquels je vais m’appuyer ont choisi de se concentrer sur les comportements addictifs en lien avec la pornographie, les réseaux sociaux et les jeux vidéo. Pourquoi particulièrement ces choix ? Parce que ces médias ont un particularité : ils produisent des « stimuli supernormaux » que nous appellerons superstimuli dans cet article. Ces supertimuli sont dans des phénomènes artificiels qui vont prendre le dessus sur les stimuli naturels auxquels notre cerveau a été habitué pendant des dizaines de milliers d’années. La nature changeante, sans fin et puissante de ces superstimuli vont activer le circuit du plaisir de manière disproportionnée ce qui va rendre le reste de notre vie fade et donc nous focaliser sur les moyens de les obtenir plus et plus souvent. Pour bien comprendre ce mécanisme d’addiction, explorons ensemble le modèle en 3 étapes de l’addiction le Dr Nora Volkow, psychiatre et neuroscientifique américaine :

  • Surconsommation / intoxication : la répétition d’un comportement active le système de la récompense et du plaisir qui renforce positivement le comportement (mémorise l’association) pour donner la motivation de recommencer. A forcer d’utiliser ce circuit, la tolérance augmente amenant une consommation d’autant plus importante pour arriver au même résultat.
  • Repli / effets négatifs : lorsque le mécanisme est installé, le manque va se faire sentir. Les zones du cerveau associées à la douleur et à la peur vont s’activer, activant les zones du stress jusqu’à perturber leur fonctionnement. La personne addicte va donc passer de la recherche du plaisir à l’évitement du manque et du mal être. Les comportements impulsifs vont se transformer en comportement compulsifs.
  • Préoccupation / anticipation : perturbation globale du cerveau, notamment dans les capacités de motivation ou encore de dénigrement des récompenses futures. Cela se développe aussi une hypersensibilité aux indices liées à la consommation et une déficience du contrôle de soi pour ce qui est des comportements addictifs notamment.

Maintenant que nous savons comment ça fonctionne, orientons-nous vers la partie numérique.

Le porno sur Internet est-il le roi des superstimuli ?

Internet a beaucoup d’outils susceptible de déclencher les addictions : pornographie, achats en ligne, sites de paris, jeux vidéo, réseaux sociaux, vidéos, … Autant la majorité des activités numériques citées peuvent être bénéfiques ou intéressantes à des doses limitées, autant l’une d’elle n’apporte que peu et peut prendre beaucoup : c’est la pornographie en ligne. Je vous invite à relire mon article qui parle de sexualité et des conséquences (ici) de cette pornographie gratuite et sans philtre. Pour ma part, je serai pour une règlementation dans l’optique de l’interdiction de la gratuité, des contenus pornographiques, qui permettrait de limiter l’accès surtout aux plus jeunes qui sont les plus vulnérables aux distorsions sexuelles et aux addictions en lien. Autre focus intéressant, l’addiction aux réseaux sociaux. Ils prennent (surtout en ce moment de pandémie / confinement / couvre-feu) beaucoup de place par rapport aux vrais rapports humains. Le problème ce sont les conséquences de ces abus pour tout le monde (troubles de l’humeur, problèmes psychologiques et sociaux, troubles cognitifs, émotionnels et physiques …) et pour les plus jeunes (santé mentale et estime de soi touchées, et performances scolaires dégradées). C’est un vrai problème de santé publique et voici donc quelques conseils pour éviter de tomber dans l’addiction :

  • Eviter de faire certaines / toutes vos activités numériques tous les jours
  • Faire des pauses numériques dans la semaine = pas d’écran pendant ½ ou 1 journée (voir plus évidemment)
  • Multiplier ses centres d’intérêts en sortant de sa zone de confort
  • Mettre des timers pour les activités numériques et se fixer des objectifs de temps
  • Noter / consulter son temps sur les écrans avec des applis ou en mode papier crayon

J’espère que cet article vous aura intéressé. Si c’est le cas, pensez à le partager sur les réseaux sociaux et de décrocher de vos écrans après ça :D.

Cérébralement,

Julien VION.

Love, T., Laier, C., Brand, M., Hatch, L., Hajela, R. (2015). Neuroscience of Internet pornography addiction : a review and update.

Volkow, N.D.; Wang, G.-J.; Fowler, J.S.; Tomasi, D.; Telang, F. Addiction: Beyond dopamine reward circuitry. Proc. Natl. Acad. Sci. 2011, 108, 15037–15042.

Hou, Y., Xiong, D., Jiang, T., Song, L., Wang, Q. (2019). Social media addiction : its impact, mediation and intervention. Cyberpsychology : journal of psychosocial research on cyberspace, 13(1), article 4.

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